Strasbourg : capitale mondiale de la chirurgie robotique

Edito

Du 16 au 20 juillet prochain, Strasbourg aura l’honneur d’accueillir le Congrès annuel de la Société de Chirurgie Robotique (SRS) qui se tiendra à l’IRCAD pour les sessions pratiques et la téléchirurgie, et au Palais des Congrès pour les sessions plénières. Englobant les diverses thématiques relatives à la chirurgie robotique, la SRS est un forum international destiné à faire progresser en continu le potentiel clinique des technologies robotiques. Véritable évènement mondial, le Congrès de la SRS rassemble les plus grands experts internationaux en chirurgie robotique autour des technologies les plus innovantes, en termes notamment de plateformes robotiques, de réalité augmentée ou encore d’intelligence artificielle.

Cette édition 2025 mettra particulièrement en lumière les avancées de la « chirurgie à distance » (ou « téléchirurgie ») avec une forte symbolique historique puisque la première intervention de chirurgie à distance a été réalisée le 7 septembre 2001 par mes équipes et moi-même depuis New York, sur une patiente hospitalisée à Strasbourg (« Opération Lindbergh »). Le Congrès illustrera les bénéfices offerts aujourd’hui par la téléchirurgie, qui favorise l’équité d’accès aux soins dans les zones qui ne sont pas suffisamment dotées de professionnels de santé formés aux gestes chirurgicaux experts. Peut-on ainsi imaginer qu’en 2025, 4,9 milliards de patients n’ont pas accès en toute sécurité à l’intervention chirurgicale dont ils ont besoin ? Par exemple, moins de 5% des patients présentant un AVC éligible au traitement neuroradiologique peuvent actuellement bénéficier de cette intervention délicate.

Il est donc impératif de favoriser le déploiement la téléchirurgie car elle représente une véritable révolution thérapeutique pour les patients qui sont aujourd’hui dépourvus d’une prise en charge adaptée.

Le Congrès permettra également de faire le point sur les plus récentes avancées de la chirurgie robotique, que ce soit en termes d’indications, telles que le traitement du cancer du sein, ou en termes de développements technologiques, tels que l’arrivée de robots autonomes.

Expert internationalement reconnu en chirurgie colorectale, le Docteur Armando MELANI est depuis plus d’une vingtaine d’années étroitement associé à l’histoire de l’IRCAD. Directeur scientifique de l’IRCAD America Latina, il est également membre du Comité stratégique de la SRS et il nous livre ses perspectives sur cette nouvelle édition du Congrès, notamment sur l’évolution de la téléchirurgie à travers le monde.

Professeur Jacques Marescaux
Président et fondateur de l’IRCAD

 


L’interview du mois

Strasbourg : capitale mondiale de la chirurgie robotique

Dr Armando MELANI
Directeur scientifique de l’IRCAD America Latina & Membre du Comité stratégique de la Société de Chirurgie Robotique (SRS)

 

 

Après Melbourne en 2023 et Orlando en 2024, Strasbourg accueillera, du 16 au 20 juillet, le congrès annuel de la Société de Chirurgie Robotique (SRS), au Palais des Congrès et à l’IRCAD où seront organisées des sessions pratiques sur de nombreuses plateformes robotiques. En tant que membre du Comité stratégique de la SRS, pouvez-vous nous dire pourquoi la SRS a choisi la France et Strasbourg ?

Dr Armando Melani : La France a une longue tradition d’excellence en chirurgie, qui s’est étendue à la chirurgie mini-invasive et à l’endoscopie flexible. L’Université de Strasbourg est très réputée pour ses activités de recherche scientifique, qui ont reçu plusieurs prix Nobel. Mais je pense que c’est la présence de l’IRCAD à Strasbourg qui explique ce choix, grâce à l’importance du professeur Marescaux dans l’histoire de la chirurgie, notamment dans le développement de la téléchirurgie, et grâce à l’importance de l’Institut qui, plus de 30 ans après sa création, enseigne à un nombre toujours croissant de participants venant du monde entier.

L’IRCAD est considéré comme le centre de formation de référence en chirurgie laparoscopique et robotique et sa plateforme robotique est la plus importante au monde. L’Institut strasbourgeois dispose à lui seul de près de quarante robots, ce qui est considérable. C’est une occasion fantastique pour nous, chirurgiens, de nous retrouver dans un lieu unique pour discuter les différentes perspectives de la chirurgie et découvrir les machines qui arrivent sur le marché. La beauté de cette réunion est de pouvoir tous nous réunir, que nous venions d’Amérique du Sud comme moi, ou d’Europe, des États-Unis, d’Afrique… L’une des grandes forces de l’IRCAD est sa capacité à rassembler les gens et à leur permettre d’échanger sur ce qui est le mieux pour les patients, aussi bien lors de ce type d’évènement international que dans les Instituts miroirs implantés dans le monde entier. Organiser cette réunion à l’IRCAD offre à la SRS une excellente opportunité de poursuivre son développement.

 

Ce congrès est l’événement mondial majeur du domaine de la chirurgie robotique. Il permettra de partager les dernières avancées en matière de robotique, de téléchirurgie et d’intelligence artificielle dans un large éventail de spécialités médicales. Quels seront cette année à votre avis les sujets de discussion les plus brûlants ?

Dr. AM: Je pense que nous aurons beaucoup d’échanges sur nos pratiques et sur la façon d’améliorer le partage de nos expériences.

Un autre sujet, qui me semble encore plus important et qui tient à la raison de l’organisation du Congrès à Strasbourg, est la téléchirurgie. Lors du Congrès SRS de l’année dernière, nous avons pour la première fois abordé le sujet de la téléchirurgie sous un angle mondial et, en fait, elle n’est pas réglementée à l’échelle mondiale et personne ne sait comment le faire. Chaque pays a sa propre législation, c’est-à-dire ses propres règles. Nous avons donc eu l’idée de programmer cette année une discussion relative à cette dimension mondiale car la téléchirurgie ne concerne pas uniquement la France, les États-Unis ou le Brésil mais constitue une vraie question globale. Plusieurs agences de réglementation en santé seront présentes, venant du monde entier. Les États-Unis étaient déjà là lors de la première discussion, avec des représentants de la Maison Blanche et de la FDA, et ils reviennent cette année. Des agences d’Europe, du Japon, d’Asie et même du Brésil seront également présentes. C’est très important car nous devons réglementer non seulement la procédure en elle-même mais aussi la formation nécessaire.

La téléchirurgie peut faire une réelle différence pour les patients dans les régions où il est difficile de trouver un spécialiste bien formé. Par exemple, à l’échelle mondiale, plus de 70 % des patients victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ne sont pas traités à temps. Certaines régions de vastes pays, même aux États-Unis, manquent de professionnels experts des AVC. Dans ce genre de situation, la téléchirurgie constitue une véritable option thérapeutique et introduit de l’équité dans l’accès aux soins.

Nous espérons que la discussion de cette année posera la première pierre d’un accord mondial visant à réglementer la téléchirurgie et à la rendre possible des différentes parties du monde car de plus en plus de pays ont des réglementations strictes mais différentes. Par exemple, j’avais l’habitude d’aller en France pour intervenir en direct et opérer certains patients. Aujourd’hui, la réglementation française a changé et, en tant qu’étranger, je n’en ai plus le droit bien que je sois un expert reconnu au plan international. A l’inverse, la réglementation américaine évolue en proposant des licences d’exercice aux experts étrangers de renom car les US sont confrontés à une pénurie de chirurgiens, trop peu d’américains étant de nos jours attirés par l’exercice de la chirurgie.

Nous devons donc parvenir à un accord pour que les règles soient les mêmes à travers le monde et que nous puissions réellement pratiquer la téléchirurgie avec une interaction mondiale. Je pense que c’est le point le plus important de ce Congrès.

 

Vingt-cinq ans après la première génération de robots chirurgicaux, ils sont présents dans pratiquement toutes les spécialités médicales et les industriels ne cessent de les améliorer pour répondre aux besoins des praticiens. Quels développements anticipez-vous encore ?

Plusieurs développements sont effectivement en cours, au bénéfice des praticiens et de leurs patients.

Lorsque le Professeur Marescaux a décidé de créer un IRCAD en Afrique, au Rwanda, nous avons découvert sur place une réalité d’accès aux soins complètement différente de celle de l’Europe ou même du Brésil. Pour être clair, je ne dis pas que les professionnels africains ne sont pas bons ; c’est la possibilité d’accès aux soins qui n’est pas bonne. Par exemple, le suivi des grossesses est insuffisant et c’est pourquoi le projet de recherche « Disrumpere » a été lancé conjointement par l’IRCAD France et l’IRCAD Africa pour améliorer l’accès à l’échographie en formant des intervenants non spécialistes, avec l’appui de l’intelligence artificielle. Cette initiative est d’autant plus intéressante que l’échographie peut être utilisée dans d’autres situations que la grossesse. Imaginons qu’au lieu de mobiliser une personne, un bras robotisé puisse effectuer l’examen, cela élargirait l’accès à l’échographie et permettrait de partager les images avec d’autres experts, ou alors une intelligence artificielle pourrait analyser les images et fournir les résultats. Cela serait très utile par exemple pour les mammographies, avec une précision diagnostique supérieure à celle de l’humain. L’accès au diagnostic deviendrait ainsi possible dans les régions qui manquent de professionnels de santé.

Un autre développement porte sur les robots autonomes, pour assister les chirurgiens. Par exemple, une intervention laparoscopique sur la vésicule biliaire nécessite que deux chirurgiens travaillent ensemble mais dans certains endroits, comme les régions isolées ou les États-Unis, un seul chirurgien réalise l’intervention, aidé par un assistant non-chirurgien. Des recherches sont donc en cours sur les mouvements autonomes, tels que la réalisation d’une suture. Nous pouvons bien sûr suturer de nos mains mais la précision de la suture du robot serait meilleure. Certaines étapes de la chirurgie sont ainsi susceptibles d’être à l’avenir assurées par les robots autonomes.

 

Vous êtes le directeur scientifique de l’IRCAD America Latina, Institut miroir de l’IRCAD France qui a été inauguré au Brésil en 2011. Quels sont les principaux accomplissements de cet Institut dédié au continent sud-américain et quelle est votre vision pour le futur ?

L’un de nos principaux accomplissements est d’avoir standardisé nos procédures. Nous accueillons des experts du monde entier pour enseigner à l’IRCAD America Latina et il est plus facile de leur partager nos objectifs d’enseignement et la façon dont nous souhaitons les atteindre lorsqu’il existe des procédures normalisées. Dans les années suivant l’ouverture, nous avons formé de nombreuses personnes venant du Brésil et d’Amérique du Sud (40 % de nos participants) car nous nous étions rendus dans ces régions lors de congrès et de réunions pour informer sur les formations que nous mettions en place. Nous avons donc pu voir les présentations et vidéos de cette époque. Après toutes ces années, nous constatons aujourd’hui beaucoup d’amélioration dans les pays dont les ressortissants sont venus apprendre à l’IRCAD America Latina. Par exemple au Pérou, qui est très attaché à notre système de formation, nous pouvons mesurer à quel point ils se sont améliorés en comparant les vidéos de l’époque avec leur travail d’aujourd’hui. Constater ces progrès considérables en termes de compétences nous rend très fiers de nos actions de formation en Amérique du Sud car cela améliore l’équité dans l’accès aux soins. Pour réussir cela, nous travaillons en constante collaboration avec l’IRCAD France, qui est notre « vaisseau amiral ». Ensemble, nous développons plusieurs projets, portant notamment sur la chirurgie robotique qui est en cours d’introduction en Amérique du Sud. Etant donné le coût de ces technologies, nous veillons à comprendre et à enseigner la façon la plus efficiente de les utiliser au regard des ressources disponibles en Amérique latine, pour que les patients puissent en bénéficier au mieux.

Un autre accomplissement est la création, il y a quelques années, d’un pôle favorisant l’émergence d’entreprises qui développent des solutions et des plateformes destinées à améliorer l’accès aux soins. Les entreprises peuvent venir dans ce « hub » pour discuter non seulement de chirurgie mais également de tout ce qui touche au système de santé, par exemple la façon de tirer le meilleur parti des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle, et générer de nouvelles idées en vue d’améliorer ce qui peut l’être. Par exemple, une entreprise développe des interactions par WhatsApp pour évaluer l’état des patients après leur sortie de l’hôpital, au premier, deuxième et troisième jour, parce qu’au Brésil nous avons besoin de lits d’hôpitaux et devons faire sortir les patients le plus tôt possible.

Ce pôle est d’autant plus intéressant que nous travaillons en étroite collaboration avec les autres IRCADs, nous partageons nos idées et expériences pour améliorer constamment nos pratiques. Les situations et les besoins étant différents de l’Amérique du Sud à l’Europe en passant par l’Asie, il est passionnant de comprendre ces différences et de développer ensemble des solutions qui répondent aux besoins d’un Institut ou d’un autre. Cette collaboration se renforce d’ailleurs encore avec la récente création de la Fondation IRCAD Internationale qui connecte tous les Instituts de façon très structurée, avec la mise en place de réunions régulières nous rassemblant pour discuter de nos difficultés ou de nos similitudes et améliorer nos programmes d’enseignement ou en créer de nouveaux.

Cette forte interaction entre les Instituts est essentielle pour pouvoir développer les meilleurs services et améliorer les soins délivrés à travers le monde. Elle reflète parfaitement la philosophie de générosité de l’IRCAD : la générosité des experts qui viennent enseigner et partager leurs expériences, la générosité des participants qui viennent apprendre pour améliorer leurs compétences et la générosité du personnel de l’IRCAD qui fait preuve de passion et d’engagement dans son travail quotidien.

 

 

A propos de l’IRCAD :

Créé en 1994 par le Professeur Jacques Marescaux, l’IRCAD est un institut dédié à la formation et à la recherche sur la chirurgie mini-invasive.  L’Institut strasbourgeois est un centre de renommée internationale, réputé pour l’excellence de ses formations qu’elles soient présentielles – près de 8 800 chirurgiens du monde entier sont formés, chaque année à Strasbourg – ou virtuelles, avec l’université en ligne Websurg, entièrement gratuite, qui compte plus de 470 000 membres connectés dans le monde entier.

 

Pour plus d’informations, rendez-vous sur https://www.ircad.fr/fr/

 

Nous espérons que ce 19ème numéro de la newsletter de l’IRCAD vous a plu.
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We would like to draw your attention that the « Vaccine Pass » is now mandatory in France since end of January 2022 and replaces the former « Health Pass » to access places that are open to the public, such as cinemas, museums, cafés and restaurants, hotels as well as the IRCAD Institute which welcomes participants in the framework of its courses and seminars. Thus, a PCR test without vaccination is no longer sufficient to take part in our courses.

The vaccine pass includes a proof of the following (one of the 3 items is sufficient):

  • The vaccination certificate, proving that persons have a complete vaccination (as of January 15, 2022, all persons aged 18 and over must receive a booster dose no more than 7 months after their last injection or Covid infection to receive a valid vaccination pass. As of February 15, 2022, the time limits for keeping the pass will be reduced, you will have to do your booster dose 4 months and no longer 7 months after your 2nd dose to have a complete vaccine schedule and maintain a valid vaccine pass)
  • The result of a positive RT-PCR or antigenic test attesting to the recovery of Covid, more than 11 days and less than 4 months
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Further information about the new vaccine pass can be found at :

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